Le thème central de "Tante Jennifer's Tigers" d'Adrienne Rich est de savoir comment le pouvoir du patriarcat contrôle le corps des femmes mais pas leur esprit. Le poème souligne ce point en présentant le sauvage, l'exotique, le puissant tigres brodés par tante Jennifer et les contrastant avec tante Jennifer elle-même.
La première strophe du poème caractérise les tigres comme des « habitants topazes d'un monde vert » qui ne craignent pas les hommes et marchent en « certitude » autour de leur monde idéalisé. Les mots aux couleurs vives et les verbes confiants de la strophe évoquent le pouvoir assuré. La deuxième strophe passe à tante Jennifer, qui brode cette image vive sur un écran. Elle ne semble pas puissante du tout. Ses doigts "volent" à travers la laine, et elle peut à peine tirer sur la petite aiguille parce que "le poids massif de l'alliance de l'oncle /repose lourdement sur la main de tante Jennifer". Cette image évoque quelque chose comme le boulet d'un prisonnier et symbolise très clairement le pouvoir dominant des institutions patriarcales, comme le mariage. La dernière strophe envisage l'avenir. Il n'y a aucun espoir pour tante Jennifer : sa servitude dure jusqu'à sa mort, lorsque ses « mains terrifiées » reposent dans un cercueil, encore dominé par les hommes. Ses tigres, cependant, n'ont pas peur sur l'écran qu'elle a fait. Bien que son corps soit mort, toujours "maîtrisé par" ses épreuves, les tigres, les habitants de son imagination, persistent, majestueux et puissants. Il s'agit d'une version féministe du thème classique de la capacité de l'art à survivre à la vie humaine.